Adam et Ève au Paradis

Avec cette œuvre monumentale, probablement peinte vers 1620, Guido Reni met en pratique sa formation initiale auprès des frères Carrache et donne aux protagonistes des physionomies très caractéristiques : le corps d’Adam est musculeux et athlétique, alors que sa tête de jeune adolescent, presque androgyne, évoque la jeunesse de l’humanité avant le péché originel. La figure d’Ève qui suit un canon longiligne contraste avec celle d’Adam.

Dans cette composition équilibrée, sans doute inspirée par la célèbre gravure de Dürer sur le même sujet, Reni parvient à rendre ce moment suspendu où l’innocence est rattrapée par la tentation grâce à la gestuelle et au jeu des regards entre les deux protagonistes. La présence habituelle du serpent tentateur, enroulé autour du tronc, est complétée par l’ajout de deux animaux dont la signification reste incertaine : le lion et la panthère pourraient évoquer l’entente entre les espèces avant la Chute, mais pourraient également introduire d’autres connotations allégoriques, le lion évoquant l’Orgueil pour Adam et la panthère, la Luxure pour Ève, ou encore la Vertu face à la Tromperie. Les figures langoureuses d’Adam et Ève représentées avec un souci de réalisme et de perfection plastique, rappellent l’influence de la sculpture antique dans le modelé, le traitement et la position des corps.