Assia

En 1932, le sculpteur Charles Despiau fait la rencontre d’Assia Granatouroff (1911-1982), qui pose pour des photographes, quelques peintres et sculpteurs pour financer ses cours de théâtre. Elle incarne l’idéal féminin des années 1930. Originaire d’Ukraine, elle a quitté la Russie à l’âge de dix ans et s’est installée à Paris.

En rencontrant Assia Granatouroff, Despiau trouve le modèle qu’il a longtemps cherché pour sculpter une « vénus moderne ». Il s’inscrit dans la grande tradition de la sculpture française sans être académique et parvient à donner à la fois une impression de vie profonde et d’atemporalité. La pose affirmée et souple met en valeur la sensualité et la vitalité du modèle. Despiau accorde aussi une grande attention au visage d’Assia et c’est son prénom qui devient le titre définitif de la sculpture. Il s’agit donc d’un véritable portrait et non d’une beauté idéale.

Cette œuvre est le résultat d’un long travail d’élaboration : durant trois ans, Assia pose une à deux fois par semaine. Despiau cherche à obtenir des volumes pures, équilibrés, denses. Il s’éloigne de l’esthétique expressionniste d’Auguste Rodin, qui avait été son maître jusqu’en 1914, et des volumes fragmentés du cubisme.

En 1941, ce bronze grandeur nature est acheté à Paris par Friedrich Welz, un marchand d’art travaillant pour les nazis. À la Libération, la sculpture est localisée près de Salzburg, en Autriche et rapatriée en France. Elle est présentée à la Commission de choix des œuvres de la Récupération artistique en décembre 1949 et inscrite au registre des « Musées Nationaux Récupération ».