Balkis

Balkis, Étienne Hajdu, 1966 © Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay © ADAGP, Paris 2025
  • Auteur : Étienne Hajdu (Torda, 1907 - Bagneux, 1996)

  • Catégorie : Sculpture

  • Technique : Ardoise et marbre noir

  • Date : 1966

  • Dimensions : H. 80 cm ; L. 45 cm ; Pr. 3,5 cm

  • Provenance : Donation Granville, 1969

  • Numéro inventaire : Inv. DG 710

Alliant la sensualité à la sobriété, cette sculpture d’Étienne Hajdu constitue la synthèse parfaite de son œuvre à partir des années 1950. Réalisée en ardoise et en marbre noir, elle représente la figure biblique de la reine de Saba, aussi connue sous le nom de Balkis ou Bilqis, qui régnait sur le royaume de Saba, en Érythrée. En épurant les formes au maximum, Étienne Hajdu a su capturer le profil élancé d’une reine décrite comme une femme de pouvoir d’une grande beauté. La figure est montrée de profil, sa chevelure imposante se détache de sa tête et son buste semble ne faire plus qu’un avec le reste de son corps. La féminité du sujet traité comme un relief à double face est suggérée par le jeu entre les courbes et les lignes plus tranchantes ainsi que par l’aspect poli, presque étincelant, des matières utilisées.

Cette volonté de se tourner vers une représentation simplifiée, voire presque abstraite, s’impose au sculpteur lors d’un voyage en Crète et en Grèce dans les années 1930, où il découvre la sculpture cycladique. Cet art datant des 4e et 3e millénaires avant Jésus-Christ, qui se caractérise par la production d’idoles et de figurines féminines en marbre, devient une de ses plus grandes sources d’inspiration jusqu’à la fin de sa carrière. Fasciné par le paradoxe entre la simplicité formelle et la puissance d’évocation de ces créations, il ira même en 1957 jusqu’à rapporter en France des blocs de marbre de Paros pour réaliser ses propres œuvres.

À l’image de l’art des Cyclades caractérisé par une dichotomie entre fond et forme, la sculpture d’Hajdu semble également marquée par une apparente contradiction, celle de « rendre le volume par le plan ». Comme l’explique l’artiste : « Dans un monde inventé, je ne pouvais donner l’illusion de la réalité par le volume. C’est pourquoi je supprime le volume. La minceur de la silhouette nous permet de situer la figure dans un espace aussi bien réel qu’imaginaire car c’est le concept que je cherche et non l’image. »