Éclatement

Dans sa vie et sa peinture, Judit Reigl a fait preuve d’une indépendance et d’une détermination peu communes. Après avoir étudié à l’école des beaux-arts de Budapest dans les années 1940, elle quitte définitivement la Hongrie communiste en 1950. Arrivée en France, la jeune artiste découvre l’art moderne, auquel elle n’avait pas accès en Hongrie. Elle fait la rencontre d’André Breton et chemine quelques temps avec les surréalistes. Mais elle s’affranchit assez rapidement du groupe et exprime une voix plus personnelle.

La toile Éclatement est une série charnière. Ne se limitant pas l’exploration de l’inconscient, elle a cherché à aller au-delà des images, des signes et des symboles et à exprimer l’énergie profonde contenue dans les rêves et les pulsions. Pour ce faire, Reigl a exploré un « automatisme physique-psychique » pour reprendre ses propres mots, en engageant tout son corps dans la création. Dans la série des « Éclatements », elle jette des poignées de la peinture fraîche, humide, à toute volée sur la toile et racle ensuite les amas avec des lames métalliques. Cette spontanéité du geste et cette décharge d’énergie n’est pas sans rappeler la peinture des expressionnistes américains, notamment Jackson Pollock, dont Reigl se sentait proche.