La Trombe, Étretat

Habitué des côtes normandes qu’il fréquente entre 1865 et 1869, Gustave Courbet réalise un grand nombre de « paysages de mer » – terme personnel qu’il utilise dans sa correspondance. Ce Franc-Comtois perçoit dans les paysages maritimes la même force naturelle que dans les paysages montagneux ou forestiers du Doubs.

L’artiste a été témoin d’un violent orage qui s’est manifesté sous la forme d’une colonne de pluie tourbillonnant au-dessus de la mer. Cet épisode, communément appelé trombe maritime jusqu’à la fin du 19^e siècle, aujourd’hui tornade ou cyclone, a profondément marqué Courbet.

Le spectateur se situe au pied des falaises et fait face aux vagues déchaînées tandis que la masse inquiétante des nuages obscurcit l’horizon. Le rocher central rivalise avec la vague qui le submerge dans un combat de titans. Le piège de la nature s’est refermé, aucune échappatoire n’est possible. Une harmonie, paradoxale dans ce ballet terrible, est donnée par de subtiles touches de bleu et de brun crayeux.