Paysage

Le témoignage de Georges Hugo se rappelant son grand-père dessinant est significatif au sujet de cette feuille : « Il jetait l’encre au hasard en écrasant la plume d’oie qui grinçait et crachait en fusées. Puis il pétrissait, pour ainsi dire, la tache noire qui devenait bourg, forêt, lac profond ou ciel d’orage, il mouillait délicatement de ses lèvres la barbe de sa plume et en crevait un nuage d’où tombait la pluie sur le papier humide, ou bien il en indiquait précisément les brumes qui estompent l’horizon. Il finissait alors avec une allumette de bois et dessinait de délicats détails d’architecture, fleurissant des ogives, donnant une grimace à une gargouille (…) et l’allumette entre ses doigts devenait burin ».

Dans cette rêverie gothique autour d’une cité médiévale inventée, on retrouve la technique toute personnelle de Victor Hugo, au service de l’émotion : encre de Chine étendue au pinceau, frottée, rehaussée de gouache blanche pour mieux découper les silhouettes reprises à la plume.