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Auteur : Marc Desgrandchamps (Sallanches, 1960 - )
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Catégorie : Peinture
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Technique : Huile sur toile
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Date : 2020
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Dimensions : H. 200 cm ; L. 300 cm
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Provenance : Acquisition avec la participation du Fonds Régional d’Acquisition des Musées, 2022
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Numéro inventaire : Inv. 2022-5-1
Sans titre
Marc Desgrandchamps est un peintre influant sur la scène artistique française. Fin connaisseur de l’histoire de l’art et en particulier de celle de la peinture, amateur éclairé de photographie, cinéma, de musique populaire et de littérature, il essaime dans ses toiles des références multiples, notamment mythologiques et bibliques. Elles sont pensées sur le principe du montage cinématographique : le rapprochement d’images, de scènes, de personnages dans des décors urbains ou naturels produit des narrations évocatrices et pourtant complexes à analyser.
Ce diptyque daté de 2020 fait directement référence au mystérieux panneau de la Flagellation du Christ peint par Piero della Francesca vers 1460, conservée à la Galleria Nazionale delle Marche à Urbino. Marc Desgranchamps envisageait de faire une copie du panneau de Piero della Francesca. Mais une fois le cadre architectural posé, il y a introduit un autre espace-temps en faisant figurer des personnages contemporains et une sculpture acéphale, translucide. Les deux femmes sont peintes d’après des photographies de proches de l’artiste tandis que la sculpture est tirée d’un bas-relief romain. Le personnage le plus contemporain de cette scène est la silhouette à la fenêtre de l’édifice rose, petite figure confinée qui fait écho aux mesures de lutte contre l’épidémie de covid-19 en 2020.
Ce télescopage de sources aux temporalités différentes est révélateur de la manière dont Desgrandchamps s’approprie les images, laissant jouer l’aléatoire et le hasard dans la construction de ses œuvres. Avec ces deux femmes, on peut voir dans ce tableau une scène très contemporaine. Toutefois, comme chez Piero della Francesca, le cadre architectural crée un espace scénique qui influe sur la narration. On peut ainsi imaginer une relation ou un dialogue entre la statue et la figure drapée. La femme en bleu, en dehors de cet espace et de cette relation, devient alors une spectatrice de la scène, rejouant le rôle des témoins chez Piero della Francesca.