Suzanne et les vieillards ; Judith et Holopherne

Caractéristique de la production des ateliers limousins à la Renaissance, ce coffret est attribué à l’un des grands maîtres émailleurs de la seconde moitié du 16^e siècle, Pierre Courteys, l’un des représentants les plus habiles et les plus originaux de la Renaissance française.

Son œuvre témoigne de traditions plastiques qui persistent dans la production du 16^e siècle, tout en illustrant une orientation stylistique tournée vers l’italianisme.

Le décor émaillé du couvercle de ce coffret représente des sujets tirés de l’Ancien Testament, aisément identifiables : on reconnaît d’un côté Suzanne et les vieillards, de l’autre Judith et Holopherne. La gageure, pour l’artiste, était de rendre les proportions et la perspective des scènes malgré la forme convexe du couvercle : il réussit à placer avec aisance un paysage, des éléments d’architecture et une fontaine dans l’épisode de Suzanne ; de même, dans la scène de Judith, les tentes et le lit sur lequel gît le corps décapité d’Holopherne sont représentés de manière convaincante.

La technique de l’émail peint sur cuivre apparaît au 15^e siècle et atteint un niveau d’excellence qui lui permet de rivaliser avec la peinture. L’émailleur appose sur une plaque de cuivre des couches d’émail colorées par des oxydes métalliques : chaque couleur nécessite une cuisson séparée. Les effets chromatiques et lumineux séduisent les collectionneurs qui apprécient ces pièces raffinées et délicates, témoignant de l’excellence technique des émailleurs.